QUAND LA FICTION ANTICIPE LA RÉALITÉ…
« Le futur est maintenant » (…) Dans ce monde futuriste, où la Terre est devenue un régime fasciste, des étudiants de bonne famille, tout droit sortis d’un épisode de Beverly Hills, n’ont qu’un seul rêve : intégrer la glorieuse armée de la Fédération, chargée de faire régner l’ordre sur la galaxie. (…) Verhoeven a subi l’attaque moralisatrice des critiques américaines, qui se fonde sur un principe dogmatique, celui d’une linéarité historique intouchable, chaque faute commise par l’humanité s’imposant en passé monstrueux que la bonne conscience se doit d’expectorer. (…) Pour appuyer son effrayante perspective, le réalisateur hollandais convoque à nouveau, comme dans Robocop, ces flashs télévisés parodiant les infos poujadistes de CNN, qui utilisent de manière hypertrophiée tout le champ lexical du fascisme. Interview d’un militaire : « Un bon insecte est un insecte mort. » Conseils à la population : « Les enfants, écrasez tous les insectes dans nos rues. » Glorification béate : « Nos p’tits gars combattent bravement pour la liberté de la Terre. » Par « Terre », il faut bien sûr entendre les États-Unis, puisque le monde futuriste de Verhoeven est tributaire d’une imagerie hollywoodienne manichéenne et caricaturale, métaphore de la mondialisation des critères de pensée occidentaux. (…) Appelez ça pensée unique, consensus mou ou hypocrisie déculpabilisatrice, peu importe. L’histoire présente ne doit pas être sujette à parallèles douteux, surtout si elle met en péril une unité nationale invoquée à tout bout de champ. Et si Hitler avait gagné la guerre ? si le monde d’aujourd’hui subissait une radicalisation des droites ? si les valeurs morales du « plus jamais ça » étouffaient toute velléité critique sur la résurgence d’un fascisme bien-pensant ? Il faudrait éradiquer le présomptueux qui ose s’aventurer dans de tels amalgames ! C’est ce qui vient d’arriver à Verhoeven, taxé de nazi dès la sortie de Starship Trooper, hymne à un ordre nouveau selon ses détracteurs. (…) Est-il à ce point impossible (incorrect) d’imaginer une Terre du futur dominée par un extrémisme inacceptable, ou est-il indécent de visualiser une humanité en devenir fasciste sans contrepoint moral, sans la petite touche scénaristique qui rassure le spectateur sur « l’irréalité » de la perspective ?…
Extraits, lire sur :
https://lumieresurlecinematographe.blogspot.com/p/science-fiction.html
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