samedi 22 octobre 2022

DES ŒUVRES D’ART S’INSTALLENT DANS PARIS

On l’annonçait il y a quelque temps déjà, la FIAC, c’est fini, terminé. Installée depuis plus de quarante ans au Grand Palais, la clinquante foire d’art contemporain laisse sa place à Paris+, un événement estampillé Art Basel. Si les billets pour le salon organisé ce week-end au Grand Palais éphémère ne sont franchement pas donnés (de 27 à 150 euros), Paris+ conserve quelques bonnes idées lancées par la FIAC, notamment son exposition gratuite hors les murs.


Intitulée “Sites”, cette manifestation squatte quatre lieux emblématiques de notre jolie ville : la chapelle des Petits-Augustins des Beaux-Arts de Paris, la place Vendôme, le musée national Eugène-Delacroix et le jardin des Tuileries, où pas moins de 22 œuvres vous offrent un grand bol d’art frais. On dit tout.


Alicja Kwade sur la place Vendôme. Tous les ans depuis 2012, la place Vendôme devient, le temps d’une saison, “the place to be” pour les amateurs d’art contemporain. S’y sont notamment succédé Paul McCarthy, Yayoi Kusama ou, l’année dernière, Alexander Calder et son gros dragon rouge. Une tradition que perpétue Paris+ en invitant la plasticienne polonaise Alicja Kwade à agrémenter le très chic quartier des bijoutiers de Paris d’une de ses œuvres à la ligne et à la matérialité uniques. 


Omer Fast à la chapelle des Petits-Augustins des Beaux-Arts. Si vous êtes plus branché art numérique, on vous conseille de filer sous la chapelle des Petits- Augustins des Beaux-Arts pour découvrir le travail d’Omer Fast, artiste né à Jérusalem et aujourd’hui basé à Berlin. L’école d’art la plus célèbre de Paris accueille une œuvre pluridisciplinaire, entre installation, sculpture, vidéo holographique et matériaux de récupe. 

Thaddeus Mosley au musée Eugène-Delacroix. Au musée Eugène-Delacroix, c’est le fils spirituel d’Isamu Noguchi et de Constantin Brâncuși qui s’expose. L’Américain Thaddeus Mosley imagine un ensemble de sculptures conçues à partir d’arbres abattus et prolonge le célèbre jardin de Delacroix au sein des espaces d’exposition pour un résultat poétique. 

Une vingtaine d’œuvres au jardin des Tuileries. Mais le coup de cœur se situe du côté des Tuileries, qui, comme d’habitude, accueillent une exposition d’une vingtaine d'œuvres disséminées dans tout le jardin. Ici, Niki de Saint Phalle se la joue McCarthy et érige un obélisque phallique tout de mosaïques vêtu. Datant de 1992, cette sculpture renvoie à l’épidémie du sida qui faisait alors rage. Tout aussi engagée, Graciela Sacco réalise en 1993 « Bocanada », un travail d’affichage militant qui, exposé à Paris vingt ans plus tard, nous laisse toujours bouche bée. Un peu plus loin, l’artiste né en Côte d’Ivoire Roméo Mivekannin paye son remake des « Noces de Cana » de Véronèse en format XXL quand Zuzanna Czebatul imagine un comprimé géant... d’ecstasy. Zoé Kennedy, 2022.

jeudi 13 octobre 2022

STEVEN KLEIN RACONTE 5 PHOTOS CULTES

Après trente ans de carrière, le photographe Steven Klein publie sa première monographie aux éditions Phaidon, dans laquelle il réunit quelques centaines de ses plus beaux clichés qui mettent en scène Brad Pitt, Kim Kardashian et Madonna

 

“Cette photo est en fait un moulage de la tête de Brad Pitt, qui avait été réalisé pour une série publiée dans un magazine. Donc ce n’est pas vraiment lui. L’idée était de le représenter à la manière d'une statue, ou d'une sculpture de marbre couverte de sang. Mark [Holborn, photographe et critique d’art] la surnomme “la tête sanglante” ; car il y voit plus l'image d’une tête ensanglantée qu’un portrait de Brad Pitt. J’ai recouvert son visage de peinture rouge pour évoquer le sang, mais sans rechercher le gore. Je trouve que le rouge est une couleur très forte, que ça apporte de la vie dans l’image. Bien que j'aie réalisé au cours de ma carrière de nombreux portraits, selon moi, ces derniers ne représentent pas vraiment une personne : ils sont simplement une façade, le physique de quelqu'un pris dans une mise en scène. Dans cette photographie de Brad Pitt, le sang représente la connexion entre le corps et l’âme, thème que j’ai par la suite exploré dans ma série Cut-throats [2005] dans laquelle j’ai photographié des cous tranchés. C'est finalement davantage une critique cynique du portrait que des photographies gore.” (Brad Pitt #36, New York City, 2004) Propos recueillis par Camille Bois-Martin


“Steven Klein”, éditions Phaidon, 175€.


https://www.numero.com/fr/mode/interview-steven-klein-photographie-kim-kardashian-madonna-brad-pitt-naomi-campbell


lundi 3 octobre 2022

QUAND LA FICTION ANTICIPE LA RÉALITÉ…

« Le futur est maintenant » (…) Dans ce monde futuriste, où la Terre est devenue un régime fasciste, des étudiants de bonne famille, tout droit sortis d’un épisode de Beverly Hills, n’ont qu’un seul rêve : intégrer la glorieuse armée de la Fédération, chargée de faire régner l’ordre sur la galaxie. (…) Verhoeven a subi l’attaque moralisatrice des critiques américaines, qui se fonde sur un principe dogmatique, celui d’une linéarité historique intouchable, chaque faute commise par l’humanité s’imposant en passé monstrueux que la bonne conscience se doit d’expectorer. (…) Pour appuyer son effrayante perspective, le réalisateur hollandais convoque à nouveau, comme dans Robocop, ces flashs télévisés parodiant les infos poujadistes de CNN, qui utilisent de manière hypertrophiée tout le champ lexical du fascisme. Interview d’un militaire : « Un bon insecte est un insecte mort. » Conseils à la population : « Les enfants, écrasez tous les insectes dans nos rues. » Glorification béate : « Nos p’tits gars combattent bravement pour la liberté de la Terre. » Par « Terre », il faut bien sûr entendre les États-Unis, puisque le monde futuriste de Verhoeven est tributaire d’une imagerie hollywoodienne manichéenne et caricaturale, métaphore de la mondialisation des critères de pensée occidentaux. (…) Appelez ça pensée unique, consensus mou ou hypocrisie déculpabilisatrice, peu importe. L’histoire présente ne doit pas être sujette à parallèles douteux, surtout si elle met en péril une unité nationale invoquée à tout bout de champ. Et si Hitler avait gagné la guerre ? si le monde d’aujourd’hui subissait une radicalisation des droites ? si les valeurs morales du « plus jamais ça » étouffaient toute velléité critique sur la résurgence d’un fascisme bien-pensant ? Il faudrait éradiquer le présomptueux qui ose s’aventurer dans de tels amalgames ! C’est ce qui vient d’arriver à Verhoeven, taxé de nazi dès la sortie de Starship Trooper, hymne à un ordre nouveau selon ses détracteurs. (…) Est-il à ce point impossible (incorrect) d’imaginer une Terre du futur dominée par un extrémisme inacceptable, ou est-il indécent de visualiser une humanité en devenir fasciste sans contrepoint moral, sans la petite touche scénaristique qui rassure le spectateur sur « l’irréalité » de la perspective ?…

Extraits, lire  sur : 

https://lumieresurlecinematographe.blogspot.com/p/science-fiction.html 

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