FATMA HASSONA, TUÉE À GAZA, AU CŒUR D'UN DOCUMENTAIRE PRÉSENTÉ À CANNES

Pour lui garantir un semblant de sécurité, l’Acid (Association du cinéma indépendant pour sa diffusion) utilisait son surnom, Fatem. Son vrai nom était Fatma Hassona. Elle était palestinienne et photo-journaliste. Mercredi 16 avril, sa maison, située dans le nord de Gaza, à Al Tuffah, a été la cible d’un bombardement de l’armée israélienne. Elle a été tuée aux côtés de membres de sa famille. Elle avait 25 ans. Sa disparition intervient dans un contexte d’indignation. La guerre à Gaza a fait près de deux cents morts journalistes en dix-huit mois. Dimanche 13 avril, « Le Monde » et « Libération » publiaient une tribune (signée par « Télérama ») titrée « Nous, journalistes français, nous déclarons solidaires de nos collègues de Gaza », en amont de rassemblements organisés à Paris et à Marseille mercredi 16 avril. « Ce n’est pas courant pour un journaliste d’écrire son testament à l’âge de 23 ans », commence le texte, en référence à Hossam Shabat, correspondant sur l’enclave, tué le 24 mars. Fatma Hassona, elle aussi, avait exprimé ses dernières volontés, rapportées par le média numérique « AJ+ », du groupe Al Jazeera : « Si je meurs, je veux que ce soit une mort tonitruante. […] Je veux que le monde entier entende parler de ma mort. Je veux qu’elle ait un impact qui ne s’estompe pas avec le temps. Je veux des images qui ne peuvent pas être enterrées dans l’espace ou le temps. » Son vœu sera exaucé. La parole de Fatma Hassona est au cœur d’un documentaire qui sera présenté par l’Acid au festival de Cannes du 14 au 23 mai. Avec sa mort, Put Your Soul on Your Hand and Walk, dialogue par écrans interposés entre la réalisatrice iranienne Sepideh Farsi (La Sirène, 2023) et la journaliste palestinienne, revêt inévitablement l’aspect d’un film-testament. Fatma Hassona ne l’aura jamais vu terminé. Dans un communiqué, l’Acid lui rend un hommage qui devrait se poursuivre sur la Croisette : « Nous avions visionné et programmé un film où la force de vie de cette jeune femme tenait de l’ordre du miracle. Ce n’est plus le même film que nous allons porter, soutenir et présenter dans toutes les salles, en commençant par Cannes. Nous tous et toutes, cinéastes et spectateurs.rices, devons être dignes de sa lumière. » Sepideh Farsi, quant à elle, « demande justice pour Fatem et tous les Palestiniens innocents qui ont péri » dans une tribune déchirante publiée par nos confrères de « Libération ». Chloé Delos-Eray.


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